Une étude affirme que prendre régulièrement un peu d'aspirine augmente les risques de saignements internes chez les personnes en bonne santé.
Déjà en juin 2011, pour les mêmes raisons, une directive de la Société canadienne de cardiologie avait mis un sérieux bémol à cette pratique médicale vieille de près d'un demi-siècle.
30 % de plus de risques
Menée par des chercheurs de l'Université St. George de Londres, l’étude de 2012 a passé au crible les données de neuf essais cliniques impliquant plus de 100 000 participants.
Ses résultats sont sans appel. Certes, on note une réduction de 20% du risque de maladie cardiaque, mais sans baisse significative du nombre de décès. En contrepartie, la prise régulière d'une faible dose d'aspirine entraîne un risque 30% plus élevé de saignements, notamment dans le système digestif et au cerveau, ce qui peut provoquer des dégâts majeurs dans l'organisme.
Conclusion des chercheurs britanniques: les patients en bonne santé ne devraient pas prendre d'aspirine à titre préventif, car cela présente plus de risques que de bénéfices.
Effets bénéfiques pour les malades
Par contre, «l'effet bénéfique de l'aspirine dans la prévention des maladies cardiovasculaires pour des personnes ayant fait des attaques ou des accidents vasculaires cérébraux [AVC] reste indiscutable», a souligné l'un des auteurs de l'étude, le Dr Rao Sehasai.
Grâce à son effet anticoagulant, l'aspirine contribue à prévenir la formation de caillots sanguins. C'est la raison pour laquelle on l'administre souvent aux patients qui souffrent d'une maladie cardiovasculaire.
«N'interrompez pas votre traitement!»
«En raison des effets secondaires, l’aspirine ne devrait plus être utilisée en prévention primaire, c'est-à-dire en l'absence de pathologie cardiaque avérée», explique le Dr Jean-Claude Tardif, directeur du Centre de recherche de l'Institut de cardiologie de Montréal.
«C'est au médecin de juger au cas par cas. Le patient ne doit jamais décider seul d'interrompre son traitement, met-il en garde. Par exemple, un patient diabétique en surpoids, hypertendu et avec une histoire familiale en matière de maladies cardiaques reste un bon candidat à l'aspirine s'il n'a pas d'antécédent d'ulcère ni de saignements.»
À l'autre bout du spectre, précise le Dr Tardif, «un patient qui n'a pas d'antécédent familial et peu de facteurs de risque de maladies cardiaques, qui en plus a déjà fait un ulcère de l'estomac, ne devrait en aucun cas prendre quotidiennement de l’aspirine».